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Baisser le Smic : bonne ou mauvaise idée ?

Par Guirec Gombert | Publié le 16/04/2014 - Mis à jour le 19/12/2016

Outre le président du Medef, Pierre Gataz, qui s'est prononcé pour l'instauration à titre "temporaire" d'un salaire "transitoire" inférieur au Smic, de nombreux économistes préconisent une remise à plat du salaire minimum en France.

"Il vaut mieux quelqu'un qui travaille dans l'entreprise avec un salaire un peu moins élevé que le Smic, de façon temporaire et transitoire, plutôt que de le laisser au chômage". La formule est signée Pierre Gattaz, le président du Medef, lors de son point presse mardi. Une revendication qui a aussitôt fait réagir politiques et syndicats. Mais le débat autour du Smic n'est pas nouveau. C'est même régulièrement qu'on lui tombe dessus. Le chômage ? La faute au Smic ! Les bas salaires ? Encore la faute au Smic !

Le Smic, facteur de chômage ?

Pendant 12 ans depuis les années 2000, le pouvoir d'achat du smic a augmenté de 16%, contre 10% pour le reste des salaires. Et au 1er janvier 2014, le Smic a été revalorisé de 1,1%, à 9,53 euros brut par heure, soit 1 445,38 euros brut pour un plein temps. Cette année, le Smic n'a pas de reçu de "coup de pouce" du gouvernement, suivant en cela les recommandations d'experts estimant qu'un Smic trop élevé se traduirait par une baisse de l'emploi en France. Pourquoi ? Dans une interview au Monde datant de 2012, les experts expliquent qu'une hausse du Smic de 1% fait perdre 2.000 à 2.500 emplois, alors que le coût du travail des salariés non qualifiés devient trop onéreux et les entreprises moins compétitives.

Deux ans plus tard, Michel Godet, Membre de l'Académie des technologies, remet le couvert signant dans le même journal une tribune intitulée "Le smic est une barrière à l'embauche des jeunes". Les mots de Godet sont ceux de Gattaz : il faut laisser "respirer le marché du travail et les entreprises rémunérer les travailleurs en fonction de la rareté relative de leur compétence". Les meilleurs y trouveront nécessairement leur compte. Ainsi, les jeunes non qualifiés et sans expérience devraient toucher comme les "apprentis qui démarrent à la moitié du smic, mais qui peuvent progressivement être payés plus avec l'acquisition et la reconnaissance de leur compétence. Quand, à l'issue de sa formation, un apprenti n'est pas assez payé, il se place ailleurs"... C'est si simple.

Et de smicardisation de la société ?

Pour ses détracteurs, le Smic jouerait aussi sur le niveau de vie des salariés. Aujourd'hui, ramené en net, le Smic se situe à environ 1.100 euros quand le salaire médian (50% des salariés gagnent mois, 50% gagnent plus) atteint 1.712 euros. Le Smic homogénéiserait alors l'ensemble des salaires. D'autres économistes estiment au contraire que ce sont les allégements de charges voulus par les gouvernements qui ont créé une "trappe à bas salaires". Pour les entreprises, il en effet possible de bénéficier d'allégements de cotisations patronales de sécurité sociale pour les salaires compris entre 1 et 1,6 Smic.

Le Premier ministre, Manuel Valls, a déjà promis une nouvelle mesure destinée aux entreprises. Elles pourront ainsi supprimer les charges pour chaque salarié payé au Smic, soit un gain estimé à 13% du salaire brut, ou encore à 188 euros par mois pour chaque salarié. Pour le gouvernement, ça sera un moyen d'inciter les entreprises d'embaucher et donc créer de l'emploi. Question salaire, il est à craindre que "les entreprises ne (les) augmentent plus", selon Henri Sterdyniak, économiste interrogé par Francetvinfo.fr. "Les salariés embauchés pour un salaire un peu au-dessus du Smic ne sont pas augmentés. Par conséquent, ils se retrouvent progressivement au niveau du Smic, qui lui est revalorisé automatiquement", poursuite l'économiste. Avec la crainte de généraliser les embauches au Smic. Déjà aujourd'hui, un salarié sur 6 en France est au Smic, c'est deux fois plus qu'en 1994...

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