Travailler dans l’industrie : entre difficultés à l'embauche et promesses d’avenir ?

 De nombreuses embauches à venir

En Ile-de-France, les chefs d’entreprises industrielles ont plus de mal à recruter que toute autre entreprise française (45 % contre 36 %). De ce fait, les accompagner dans le renouvellement de leurs effectifs est un vrai enjeu régional si nous voulons sauvegarder l’industrie francilienne. Valérie Pécresse, Présidente de la région francilienne  annonçait cette semaine son futur projet visant à aider les PME industrielles.

Le point positif dont dispose la région, c’est de concentrer de nombreux sièges sociaux et centres de recherche, d’unités de production de grandes et de petites tailles. Celles-ci participent à l’élaboration de prototypes et recherchent une main d’œuvre qualifiée pouvant s’adapter aux avancées technologiques.

A l’heure actuelle, les actifs en poste sont plus âgés que dans d’autres secteurs, ce qui implique un nombre de départs importants à venir. Les employeurs sont donc amenés à recruter de nouveaux employés, jeunes actifs, demandeurs d’emplois ou actifs déjà en poste mais souhaitant changer de métier.

Les familles de métiers les composant sont parmi celles qui connaissent le plus de difficultés de recrutement d’ouvriers qualifiés et de techniciens et agents de maîtrise.

Des environnements variés

Il faut savoir que les métiers de type industriel ne s’exercent pas forcement dans les secteurs industriels. Tout simplement parce que certains d’entre eux peuvent être rattachés aux services. Par exemple, les métiers de la maintenance peuvent concerner l’entretien des bâtiments. Les métiers des industries de process en Ile-de-France auront quant à eux tendance à se pratiquer dans les secteurs de la chimie, de la pharmaceutique (plus particulièrement dans les entreprises de plus de 500 salariés).

Des difficultés à l’embauche

Comme l’enquête besoins en main d’œuvre de Pole Emploi le met en lumière : les employeurs rencontrent des difficultés importantes pour recruter des ouvriers qualifiés, des techniciens et des agents de maîtrise dans les métiers de la mécanique-travail des métaux. Entre 63 % et 78 % de ces projets de recrutement sont jugés difficiles. Sur la période 2012-2015, ce taux est nettement supérieur à celui observé pour l’ensemble des métiers, à l’exception des ouvriers qualifiés de la maintenance. Certains acteurs font état de pénurie de main-d’œuvre pour ces métiers, notamment pour le métier de tourneur-fraiseur.

La formation comme solution ?

Le fait de former davantage de jeunes dans les secteurs en pénurie pourrait favoriser l’embauche, à condition d’atténuer les réticences des jeunes à l’égard de l’industrie…et de celles des patrons à employer des jeunes.

Aussi, certains métiers exigent des formations si spécifiques qu’on ne peut pas recruter n’importe quel étudiant, même s’il a suivi un cursus industriel. C’est particulièrement le cas des ouvriers travaillant le métal ou les techniciens des industries mécaniques. Plus de 40 % des actifs exerçant un de ces métiers sont titulaires d’un diplôme de la spécialité mécanique.

Ces pratiques de recrutement peuvent peser sur les intentions des jeunes, déjà peu attirés par l’industrie, de s’orienter vers les formations de la mécanique. Selon l’enquête d’insertion des lycéens d’Île-de-France de 2015, les élèves sortant d’une année terminale de la spécialité mécanique s’insèrent plus difficilement sur le marché du travail que pour l’ensemble des spécialités de formation professionnelle.

Pour y remédier, l’alternance pourrait être une voie d’amélioration. Elle permettrait à la fois de concilier les exigences liées au métier et la nécessité de renouveler la main d’œuvre vieillissante.

Des professions qui permettent une forte mobilité professionnelle

Dans son étude, « comment répondre aux besoins de main-d’œuvre dans les métiers industriels en Île-de-France ? » l’INSEE prouve que les salariés des métiers industriels changent plus fréquemment de profession qu’en moyenne (28 % contre 19 % pour l’ensemble des métiers), les mobilités s’effectuant toutefois le plus souvent au sein d’un même établissement. Deux parcours de mobilité professionnelle se distinguent : une mobilité ascendante pour les ouvriers et une mobilité horizontale pour les techniciens et agents de maîtrise.

Beaucoup de demandeurs d’emploi dans la mécanique et métaux

Pour satisfaire les besoins de main d’œuvre les employeurs pourront rencontrer leurs nouveaux effectifs parmi les demandeurs d’emploi. Dans les métiers de la mécanique et du travail des métaux, les demandeurs d’emploi représentent 13 à 20 % des effectifs en emploi contre 6 % dans les autres métiers étudiés. Parmi eux, 42 % sont demandeurs d’emploi depuis plus d’un an.

L’importance des agences d’intérim pour l’industrie

Les employeurs ont également la possibilité de se tourner vers les agences d’intérim qui ont une bonne connaissance des métiers de la production et proposent des profils correspondant aux attentes des employeurs, notamment pour les métiers d’ouvriers qualifiés de la mécanique et du travail des métaux. Pour ces derniers, les intérimaires représentent de 12 à 15 % des actifs arrivant dans ces métiers contre moins de 5 % dans les autres métiers étudiés.